J+166 : gentilles bêtes et sexe méchant
Drôle de titre pour une évidence : quand on veut être gentil avec son amoureux ou son amoureuse, on l’affuble souvent de ridicules noms d’animaux (pourtant parfois dangereux), et quand on est très colère, on lui lâche une bordée d’insultes où le sexe (pourtant parfois très agréable) prédomine.
Si l’on se penchait deux secondes sur la réalité de la bêtise et la férocité du monde animal, on irait sans doute puiser ailleurs nos p’tits noms. Ainsi, quand on appelle sa copine « ma puce », est-ce qu’on visualise bien qu’une puce ça ressemble à ça :
Outre sa mocheté, si la copine en question se comportait réellement comme un siphonaptère, on serait très étonné de la voir soudain faire des bonds dans le salon et sauter sur une seringue pour tirer une pinte de sang du bras de son chéri en criant : «A taaaable ! ».
Idem. Quand on appelle son homme « mon nounours », est-ce qu’on n’oublie pas un peu vite qu’un ours c’est aussi ça :
Par ailleurs, le comparatif est des plus inappropriés. En effet, si l’ours est généralement solitaire, l’amoureux quant à lui préfère passer son temps libre à jouer à la console, où aller hurler au foot, ou aller au bistro avec tous ses potes. De plus et contrairement à l’ours, l’amoureux grimpe très mal aux arbres. Et si vous pensez vraiment que votre homme ressemble à un ours, et que vous lui servez au dîner des lichens, des racines des noix et des baies, vous risquez de lui voir à nouveau faire ça :
En ce qui concerne les insultes à caractère sexuel, il n’y que l’embarras du choix. Evidemment, si vous en arrivez dans votre couple à vous traiter de « con », de « sale pute », ou à dire « vas te faire sucer » et autres joyeusetés, c’est que vous n’êtes pas loin de la rupture.
Si l’on y réfléchit bien pourtant, tout ça, et indépendamment des goûts de chacun, est extrêmement agréable. 99,9 % des hommes adorent se faire sucer. Chiffre très peu scientifique puisque c’est moi qui vous le donne mais qui donne une idée de la proportion d’hommes qui adorent le plaisir de la pipe, de la turlute, en un mot de la fellation.
Si l’on remplaçait d’ailleurs tous ces mots qui proviennent en général de l’argot par le terme qui lui correspond dans le langage soutenu, le résultat c’est que les scènes de ménage se termineraient non plus par un divorce mais par une petite conférence de linguistique et d’étymologie appliquées. Pour faire tomber l’agressivité, je suggère donc d’employer des expressions comme « vas expérimenter une fellation ». De même si vous traitez (en latin ou en grec de préférence) votre conjoint de « vagin », du latin vagina « gaine, fourreau où était enfermée l'épée, plutôt que de « con », je gage qu’il aura bien moins envie de vous flanquer une tarte. Quant à « sale pute », personnellement, je ne trouve pas que c’est une insulte car je préfère de beaucoup certaines putes même malpropres à nombre d’hypocrites, prudes et hygiéniques ménagères monogames.
Voilà. Lorsque vous aurez envie d’affubler de noms d’oiseaux ou de toute autre espèce animale votre amoureux ou votre amoureuse, essayez de vous représenter mentalement le comparatif, jouez éventuellement aux jeux des 7 erreurs en visualisant l’objet de la comparaison et le terme de la comparaison, et essayez d’inventer de nouveaux doux mots ou de nouvelles insultes dont la nouveauté ne manquera pas de surprendre.
Je vous suggère une première liste que vous pouvez compléter à l’envi :
Dans le registre des insultes :
- Espèce de rôti de veau trop cuit,
- Salade pourrie
- Vas te faire arracher une dent
- Tu n’es qu’un gros ongle incarné
- Sac de linge sale
- Sarkozyste (facile je sais, mais j'en avais envie)
- ...
Et dans celui des mots doux :
- Ma petite banane
- Mon communiste d’amour
- Mon slip adoré
- ...
Allez-y. Débridez votre imagination et je publierai tous les plus beaux néologismes ou insultes amoureux.
Sur ce, je vous laisse avec ça. C’est de circonstance :