J+343 : QUAND LA BETISE DU STEREOTYPE TUE L’INTELLIGENCE DE L’HUMOUR
Il y quelque temps, il m’avait bien semblé plaire à un garçon dont j’avais goûté l’humour. L’humour est pour moi l’une des manifestations les plus éclatantes de l’intelligence. La finesse de la pensée peut s’y déployer avec art. C’est pourquoi par exemple les blagues pipi-caca et très au-dessous la ceinture de Bigard (voir le « lâcher de salope ») ne me font pas rire du tout. L’humour est un vecteur d'idées, et il y des manières plus ou moins subtiles de les exprimer. Et j’aime la subtilité.
Bref, avec ce garçon, nous étions sur la même longueur d’onde. Les circonstances (nous allions à un enterrement) ne nous ont pas permis de vérifier si nous pouvions nous accorder sur d’autres choses.
Nous nous sommes revus hier soir. Je n’étais pas dans une humeur ou une tonalité particulièrement drolatique. La politique - discours de François Hollande au Bourget oblige - s’est invitée dans la conversation. Révéler qu’on est communiste est un véritable test d’intelligence. Les plus ignorants en sont restés à Georges Marchais pour le style, Robert Hue pour le look, Marie-Georges Buffet pour le nom, et les plus hostiles vous parlent immédiatement de Staline et des goulags. La grande majorité ne sait pas en fait ce qu’est le Parti Communiste Français aujourd’hui. De son programme, de son évolution, de la révolution qu’il continue d’accomplir de l’intérieur pour changer, de l’autocritique qu’il a fait de ses erreurs pour s’adapter au monde et produire un programme différent, de l’humanité et de la générosité de ses militants qui se battent chaque jour pour autrui, la plupart des gens ne connaissent rien.
Par paresse, par manque de curiosité, nombreux sont ceux qui préfèrent en rester à des stéréotypes.
Le stéréotype est l’inverse de l’humour : il révèle toute la bêtise et l’inculture de ceux qui les profèrent. Il exprime la paresse, le manque de curiosité et dévoile un système de pensée qui se contente d’approximations. Il n’est qu’à observer comment le Front National utilise les stéréotypes en matière d’immigration pour comprendre que c’est un outil d’abrutissement dont on se sert en cognant, cognant, cognant pour enfoncer le même clou.
Alors moi, quand on me ressert Georges Marchais et le stalinisme et bla-bla-bla, quand on s’intéresse à hier et pas à aujourd’hui avec la même opiniâtreté que les cogneurs du Front National, je ne peux que répondre : « Si je suis communiste vous pensez bien que c’est parce que je suis une grande nostalgique de Staline et que je veux transformer la France en un vaste sovkhoze ; que je veux en boucler les frontières, interdire la liberté de pensée etc. »
Que puis-je répondre d’autre ?
Du coup, cet homme dont l’humour m’avait semblé pouvoir être un gage de complicité, empêtré dans ses stéréotypes, qui a décliné mon invitation à venir avec moi au siège du Parti Communiste pour qu’il puisse constater lui-même ce qui fait sens dans notre corpus idéologique aujourd’hui est tombé de la première marche de l’escabeau où je l’avais placé.
Le stéréotype ferme l’esprit et moi j’aime ce qui est ouvert. Oui, en effet, j’aime la subtilité. S'il avait parlé comme le dessin ci-contre, ce garçon ne serait pas passé à la trappe des possibles rencontres.
Allez. J’y vais. Comme on est dans la politique, je vous laisse avec une citation un peu molle du point de vue de l'esprit de ce pauvre Edouard Balladur : « Je ne fais pas de promesses, mais je les tiens ».
Et avec ça,j ça file la pêche :