J+399 : VAGUE A L’AME
Peut-être devrais-je lever un peu le pied politiquement. Comme pour les grandes histoires qui commencent, la peur d’être déçue, le sentiment qu’à quelque chose de trop grand, de trop fort, succède nécessairement quelque chose de plus tiède surgissent comme pour dompter l’enthousiasme. Je suis ainsi faite que j’envisage toujours les retombées, qu’elles soient amoureuses ou politiques.
Les grands mouvements de l’âme et du cœur, les grandes secousses nerveuses et les transports se tempèrent parfois de l’idée des arrière-goût et des gueules de bois. Se retrouver seule au milieu d’une foule vibrante fait parfois saisir d’un seul coup la solitude de sa condition.
Seule dans ma jolie maison aujourd’hui, je mesure tout ce qui me relie aux autres et me coupe de l’autre à la fois. Ni tout à fait dedans, ni tout à fait dehors. Il y a comme un grand empêchement dont les racines profondes sont à chercher loin derrière moi qui me fait vouloir et ne pas pouvoir, espérer et ne rien attendre.
N’étant qu’un être alternatif, tout entier rendu à la passion - et elle est politique en ce moment -, je ne suis pas à même de trouver ce complément de cœur qui me fait tant défaut, qui rendrait courbes les arêtes anguleuses de ma parole, adoucirait un peu ce verbe que je jette au nez d’autrui avec des postillons rageurs en guise d’accroche amoureuse.
Le tempo amoureux est-il compatible avec le tempo politique ? A-t-on le temps de penser à la bagatelle quand on doit penser le monde ?
Une amie qui travaille au QG de campagne du Front de Gauche m’a dit qu’il y a de fort jolis militants qui s’y activent. Mais l’esprit peut-il séduire les corps ?
Aujourd’hui j’ai besoin de calme. Ce calme qui précède (les) ou succède aux tempêtes.
J’aurais aimé hier mélanger ma Bastille avec quelques bisous. La journée eût été presque parfaite.
Une citation idiote n’étant pas compatible aujourd’hui avec l’état de mon âme, je vous laisse avec le cynisme de Maxime Gorki : « En politique, j’apprécie les prolétaires ; en amour, les princesses russes ».
Et avec une petite chanson du bon Georges qui console de tant de choses :