J+389 : LA POLITIQUE PLUS FORTE QUE L’AMOUR ?
La vie politique remplit mon existence et particulièrement en ce moment. Tout le contraire de ma vie amoureuse. Ce constat m’autorise à faire un lien entre les deux. Trouverais-je davantage de raisons d’exister dans la première parce que la seconde me fait défaut ou parce qu’elle procure des sensations sinon plus fortes du moins des passions et des intérêts plus nourrissants que les seules platitudes amoureuses ?
Ma relation avec le Front de Gauche n’est pas le résultat d’un coup de foudre. Mon amour en politique, à gauche, à crû lentement et sûrement. C’est un amour qui s’est affermi au fil du temps. Une relation solide qui promet de ne s’éteindre qu’avec mon dernier souffle. Et je dois dire que l’actualité me fournit de bien belles palpitations. Une courbe de sondage qui s’emballe, et voilà mon cœur qui en fait de même. Un beau discours sur la justice humaine et me voilà les larmes aux yeux. Ces damnés de la terre qui peut-être recommencent à espérer, cette possibilité d’une réconciliation politique entre les oubliés et ceux d’entre nous qui tentent de leur dire que l’horizon des corps physiques est ce corps politique que nous formons, que la vie dans la Cité se partage, que loin de les oublier, ils sont au cœur de nos pensées, de nos préoccupations, de nos actes, et qu’ils peuvent, qu’ils doivent se réapproprier leur vie, ah ! les belles émotions !
Sans rire, je vous jure que ce que portent ces belles phrases qui sont tout sauf creuses : « L’humain d’abord » et « La France, la belle, la rebelle » me transporte. Trouverais-je davantage de contentement dans les bras d’un seul ? Quand mes semblables se bagarrent avec une énergie sans pareille pour convaincre que le malheur d’un seul condamne le bonheur de tous ? Croyez-vous que la perspective d’un rendez-vous galant avec un seul soit plus pleine de promesses que celle d’un rendez-vous avec l’humanité ?
La politique oblige à se creuser les neurones. Il faut comprendre, il faut aller à la racine des choses et des idées. Elle force à se pencher sur les valeurs essentielles de ce court passage sur terre. L’amour est un plaisir bien égoïste en somme. Humain, certes. Mais peut-être n’est-il qu’une agréable manière de passer le temps en attendant la mort, un succédané qui permet d’éviter de sombrer dans des interrogations sans fin sur le sens de cette brièveté. Et si l’amour fait écrire quelquefois de bien belles pages de poésie, il abolit souvent la réflexion. Je pense donc je suis. Mais quand j’aime, je ne pense plus. Et si je pense, ce n’est plus qu’à moi et pour moi. La postérité amoureuse engendre des êtres imparfaits, des finitudes charnelles. La postérité politique est un patrimoine légué à l’humanité.
Alors non. Je n’aime pas la politique par défaut. Elle est consubstantielle à ma nature humaine.
L’amour est contingent. La politique est une réalité. Et moi je vis ici-bas. Et la promesse d’un possible amoureux ne suffit pas à me faire vivre mieux. Je pense donc je fuis l’amour.
A moins que peut-être, je ne rencontre enfin un beau militant avec un gros cœur bien à gauche ?
Allez. Je vous laisse méditer avec notre futur ex-Président : « Si nous ne réussissons pas, nous échouerons » (Nicolas Sarkozy, à propos des réformes engagées par le gouvernement pour lutter contre le chômage). En langage littéraire, ça s’appelle un truisme. En langue vernaculaire, ça s’appelle une connerie.
Et une bien belle chanson :