J+402 : VOUS NE TROUVEZ PAS QUE LE PRINTEMPS A PARIS
donne envie de chantonner des tas de petites chansons bébêtes ? Ou de faire chibidouap douap quand vous sortez dans la rue pour aller acheter votre baguette ?
Je me suis surprise l’autre jour, sous ce premier soleil frais perdu dans le bleu, à entonner « Il était, un petit thommeu, piroue-tteu, caca-houetteu... » et à beugler « qui avait tune, drôl’ deu mai-zon, qui vait tune, drôl’, deu, mai ZON ! » (en appuyant bien sur le ZON).
Etrange ce phénomène printanier qui fait ressurgir toutes ces chansons de mon enfance.
Tchibidi bi dip.
Pourtant, l’actualité devrait davantage me porter à chanter très lentement, et d’une voix lugubre :
UN-COR-BILLARD
S’EST PER-DU
DANS LEU, BROUILLARD.
LES, DEUX, SKEU-LETTES,
SUIV’, DERRIERE, A BI-CY-CLETTE
Pas possible. Dès que je mets le pied dehors, malgré mon endettement abyssal, les impôts qui me persécutent ; malgré l’amoureux qui ne peut venir me voir car il habite dans le corbillard susmentionné ; malgré l’endogamie politique qui a engendré un monstre (UMP par son père, FN par sa mère) ; malgré les tués, les bombardés, les énervés, des désespérés, les UMpés, les drogués, un léger et entêtant « chap dou ouap » flotte dans l’air.
Mais peut-être que ce chap dou aouap est la condition sine qua non de ma survie après tout. Les chansons de corbillard accompagnent les morts, les chap dou ouap les vivants.
Il faut bien, de temps en temps, lever le nez pour contempler les nuages et baisser la tête pour saisir, au milieu de la ville, le bouton d’or, la fleur de pissenlit, la pâquerette qui ornent le gris du bitume.
Moi qui n’aime pas la chaleur, je goûte en revanche le plaisir de la belle lumière du printemps. Les vents et les senteurs de novembre m’exaltent, ceux du printemps me rendent plus légère et gonflent mes poumons d’un optimisme totalement inadapté à ma situation comme à celle du monde. Mais ti bi di pip quand même.
Il me semble bien que je réagis aux éléments, aux saisons, aux bruits du monde à la manière des enfants ou des fous.
Au printemps, rien ne peut me sembler irréversible. Pas même l'espoir de trouver un amoureux.
C’est vous dire !
Pas de citation idiote aujourd'hui. Ca gâcherait la journée. Mais une jolie petite chanson, une de celles que j'aimerais faire passer à mon enterrement :