J+204 : Cher Dieu,
Hier, j’ai écrit à un de tes cousins éloignés. Pourquoi lui d’abord et pas toi ? Parce que chaque année, je vois au pied des sapins de beaux cadeaux. C’est la preuve qu’il sait lire et exaucer les vœux, lui. Tandis que toi, désolée de te le dire comme ça brutalement, tu n’as pas dû bien comprendre le message sarkozyste « travailler plus pour gagner plus ». Tu as bâclé le monde en 7 jours (on voit maintenant le résultat, soit dit en passant) et parce que tu es un peu paresseux, il faut bien le dire, au lieu de créer une Eve toute neuve, tu as pris une vieille côte pourrie d’Adam pour façonner la femme au lieu d’un matériau original. Mais bon. Un de tes premiers soins a quand même été de donner une compagne à l’homme. C’est donc bien que le couple est l’une de tes préoccupations majeures. Mais pourquoi diable t’être arrêté en si bon chemin ?
Je vais faire un bond vertigineux dans le temps, mais moi aussi, aujourd’hui, j’ai besoin d’un compagnon. Et là, au lieu de m’en fabriquer un à partir d’un vieux pneu par exemple (le temps est au recyclage donc tu peux t’engouffrer dans la mode sans être taxé de fainéantise ou de facilité) ou ce que le hasard placera dans tes mains, tu te reposes. Et ne vas pas chercher d’excuses ou de bouc émissaire. Je sais bien que tu as créé le Diable pour l’accuser de tous les maux, et faire oublier que c’est toi qui est à l’origine de tout. C’est un petit peu facile, permets moi de te le dire, et pas très responsable.
Bref. Moi, aujourd’hui, je n’ai personne. Alors je sais, il y a des tas de choses que je n’ai pas faites en Ton Nom. Comme je suis surendettée (tu es bien placé pour le savoir, toi qui sais tout) je n’ai pas un fifrelin pour me payer un petit voyage dans le désert pour aller sacrifier un animal. Et puis, je te le rappelle, je suis une ultra-urbaine. Traverser hors des passages cloutiers et zigzaguer au milieu des voitures, je sais faire. Mais tuer, égorger, dépecer des animaux, c’est des trucs de campagnards, de berger comme Abraham. Enfin mon fils, je l'aime plus que toi. C'est comme ça. Alors ya pas photo : entre un con de mouton et mon fils, je choisis mon fils. Et du coup, toi tu me punis. Pas très fair-play. En plus, je vais très rarement dans tes églises, et c’est vrai que je ne dis pas que des choses gentilles sur toi. Mais il paraît que tu es bon et que tu pardonnes tout. Alors prouve-le !!!!
J’ai bien compris que je n’étais pas ta priorité. Sans doute parce qu’à mon âge, je ne peux peupler le monde. Tu te préoccupes des jeunes, des belles, de celles qui ont des ventres neufs. Mais je te signale que le monde est plein, il éclate. Mais toi tu t’en fous. Et du haut de ton nuage, tu me regarde avec dédain, ou pire, tu m’ignores. Tu me vois me démener dans tous les sens pour trouver un amoureux. Parce que tu as l’oreille fine (c’est normal, tu es Dieu, alors comme Superman, tu as une ouie inouie) et mon appel, tu l’as entendu, mais d’une oreille distraite. Alors pour ne pas trop te sentir coupable, ou pour que je ne te harcèle pas, ou parce que tu es partisan du moindre effort, tu m’envoies de temps en temps des fins de stock, des tout-pourris dont personne ne veut en pensant « je lui envoie ça en attendant, comme ça elle me fichera la paix ». Excuse moi de te dire ça, Dieu, mais ça n’est pas très professionnel.
Qu’est-ce que je t’ai fait pour mériter ça, hein ? Des compagnes et des compagnons, tu en envoies par pelletées à des bien plus pourris que moi. A Sarkozy par exemple. Je sais : lui, il va faire le gugusse devant le pape, et toi, ça te suffit comme petit gage de son adoration pour toi. Mais moi, toujours à cause de mes histoires de sous, je ne peux pas me payer le train pour Rome. Et puis l’autre, ton représentant sur terre, je ne l’aime pas. Il a une sale gueule, il dit tout plein de conneries sur mes copains homos, il est d’un rétrograde que c’est pas permis ! Il veut pas qu’on utilise des capotes, même si on en meurt, il veut pas que les prêtres se marient.... Bref, tu aurais quand même pu en choisir un moins conservateur. Donc moi, j’irai jamais faire des génuflexions (d’autant que je n’ai plus de ligament croisé antérieur) devant ce type. Et toi, tu vas me le faire payer. C’est pas juste.
Moi, je croyais que tu aimais les pauvres. Enfin, c’est ce qu’on m’a raconté. Alors tu devrais t’occuper un peu plus de moi. Et de mon bonheur. Et au lieu de protéger les puissants, les financiers, les Jacques Chirac, les banquiers, intéresse-toi pour une fois aux femmes communistes célibataires qui habitent dans les banlieues proches de Paris dont le département est 93, au 7ème étage au fond à droite. Parce qu’elles le valent bien. Et que les communistes, c’est des gens gentils tout plein qui pensent qu’à aider les pauvres et les démunis et les faibles. C’est quand même un peu le même job non ?
Bon. Cette fois-ci, j’espère que tu liras ma lettre et que tu comprendras qu’il y a urgence. Parce que mes copines et mes copains en ont marre que je les bassine avec mes histoires de célibat. Parce que en attendant, je continue à dépenser des sous pour m’acheter des tas de colifichets et des robes et des tubes de rouge à lèvres et du parfum coûteux et capiteux pour être belle et envoûter des mâles idiots et que ça aggrave mon surendettement.
Bouge toi un peu, nom de Toi !
Je te donne un mois, jour pour jour, pour m’envoyer un amoureux. Passé le 6 octobre, je prendrai un avocat et il portera plainte, en mon nom, pour escroquerie et pour ne pas avoir rempli tes obligations professionnelles. Et parce que ça va bien de se vanter de pouvoir faire des tas de trucs, et des miracles à la pelle, si tu ne fais rien pour moi. Voilà. Tu es prévenu. 1 mois. On sera dans le mois de la Balance et un peu avant mon anniversaire. Ca serait bien d’ailleurs que j’aie mon amoureux pour mon anniversaire. Ca serait un très beau cadeau, et mes copains et mes copines seraient pas obligés de se cotiser pour m’en payer un.
Je te laisse. Il faut que j’aille bosser un peu pour les cocos. Nous, on se repose jamais (c’est pas comme d’autres, que je ne nommerai pas, cling cling).
A dans un mois.
Nathalie
ps : je te fais écouter ça. Tu verras comme ça la mauvaise réputation que tu as. Et p'têt que ça te fera bouger :