J+354 : MAIS QUI DIABLE ETAIT VALENTIN ?
Mon idée de revenir au culte ancien pour fêter la Saint-Valentin a fait chou blanc (cf. mon billet d’hier). « La peau de chèvre, ça pue ! » me répond on. Et voilà comment une nouvelle idée et une saine occupation finissent dans les narines chatouilleuses de mes lecteurs ! Tant pis : je me promènerai donc toute seule le 14 février prochain, nue avec ma peau de chèvre dans les rues de Montreuil. J’essaierai de faire un cours d’histoire sur la religion romaine pour empêcher les policiers, les amis des chèvres ainsi que les psychiatres de m’arracher ma peau de chèvre.
Mais peut-être que si je propose de revenir à quelque chose de plus catholique, on me laissera faire. Evidemment, avec les Cathos, c’est toujours un peu plus gore. Je me suis demandée qui était ce fameux Valentin et ce qu’il avait fait pour être canonisé. La première condition pour être inscrit sur la liste des postulants-saints, c’est de se faire trucider au nom de la religion, et si possible d’une manière définitive (pas comme Jésus). Le site l’Internaute (link) nous apprend que notre Valentin a donc été décapité puis enterré. Sage précaution si l'on veut éviter les ressuscitations et le développement d’un culte homophobe. Bref. L’internaute ne précise pas s’il l’a été en deux fois ou si l’on a pensé à regrouper les morceaux. La question demeurera enterrée dans les caveaux de l’Histoire...
Et pourquoi l’a-t-on ainsi coupé en deux et qui l’a décidé ? Et bien il paraît que c’est un certain empereur, qui répondait au doux nom de « Claude II le Gothique » (c’est quand même un nom plus rigolo que Claude Guéant), qui l’a voulu. Ce bon Claude le Gothique fit abolir en 268 le sacrement du mariage. Vu le nombre de divorces aujourd’hui, on pourrait à première vue se dire que ce n’était pas une si mauvaise idée et que si la mesure s’était prolongée, la corporation des avocats et celle des détectives privés auraient du aller puiser ailleurs leurs sources de profits. Mais las ! l’empereur était moins Claude que Gothique. S’il abolit le sacrement du mariage, ce n’était pas dans le but de permettre au bon peuple de placer les économies ainsi réalisées à la Caisse d’Epargne ; c’est parce qu’il trouvait que les fiancés faisaient de mauvais soldats. Ben oui. Quand on a une fiancée ou une famille, on est nettement moins joyeux de laisser les siens pour aller mourir dans d’atroces souffrances, fût-ce au nom de la patrie. Vous me direz, lorsqu’on voit les procès intentés à l’Etat par les familles lorsqu’un soldat de métier meurt aujourd’hui (étrange : on réalise que la guerre ça fait mourir...), on se dit qu’il n’avait peut-être pas tort...
Poursuivons. Mais Valentin était un rebelle. Un rebelle et un ancien médecin devenu prêtre. Rien ne nous dit comment il est passé du stéthoscope au goupillon. Alors lui, il décide de continuer à marier les couples en secret. Le secret dut être mal gardé, puisqu’il en perdit la tête. Le Gothique fut un peu énervé qu’on outrepasse ainsi ses ordres. Normal, sinon ça sert à quoi d’être Empereur ? Alors il le fit arrêter. Durant sa captivité il paraît que Valentin se lia d’amitié avec la fille aveugle de son geôlier qui portait le nom d’Astérius (à ne pas confondre avec Astérix. Au fait c'est le géôlier qui s'appelait Astérius, bande d'ignares latinophobes, sinon, j'aurais écrit Astéria). Amitié... Amitié.... Je me demande s’il n’a pas poussé un peu plus loin la chose. Mais bon. Voici un autre mystère qui restera enfermé dans les catacombes de l’Histoire. En tout cas, ça prouve au moins une chose : c’est que la discrimination envers les handicapés ou les filles de mâtons, lui, Valentin, il connaissait pas. Et là, nous arrivons à la seconde condition pour obtenir son brevet de sainteté chez les cathos : le miracle. Figurez-vous que la fille aveugle recouvre la vue ! Ca vous épate, hein ? Bon. Les indécrottables dubitatifs de mon espèce vous diront que ce sont peut-être les connaissances médicales du bon Valentin qui ont permis cette guérison, davantage que l’intervention divine. A quoi les acharnés du miracle me répondront, non sans quelque justesse, qu’en 268, le miracle consistait pluôt à réchapper vivant des soins approximatifs des docteurs de l’époque.
Bon. Coupons court, si je puis dire. Donc Valentin fut décapité un certain 14 février, puis enterré sous l’ancienne voie Flaminienne. Comme je n’ai pas de plan de Rome avec moi, je suis incapable de vous dire où ça se trouve aujourd’hui, au cas où vous souhaiteriez aller vous agenouiller sur un bout d’autoroute menant à Rome. Depuis le XVe siècle, il est considéré comme le saint patron des amoureux. Moralité : s'il avait continué à arracher des jambes en tant que médecin, il n'aurait pas fini en deux, déguisé en prêtre, sous une bretelle d'autoroute. Quand je vous dis que la religion c'est dangereux !
Voilà. Vous savez tout. Donc lorsque vous irez, avec votre dulcinette ou votre dulciné, au restaurant du coin pour célébrer votre amour, sachez que vous fêterez un décapité, ceci dit sans vouloir vous couper l’appétit.
Allez. Sur ce, je vous laisse aujourd’hui en compagnie du conservateur stéroïdien autrichien, j’ai nommé Terminator, dont je ne comprends pas bien ce qu’il a voulu dire, mais vous pourrez peut-être éclairer ma lanterne : « Je pense que le mariage gay devrait se faire entre une femme et un homme » (Arnold Swhwarzenegger).
Et avec ça. C'est complètement con mais justement, ça prépare bien à la Saint-Valentin :