J+190 : pourquoi est-ce que je ne choisis pas mes amoureux comme je choisis mes copines ?

Publié le par jeveuxunamoureux

C’est une putain de bonne question ! Même si chacun pense qu’il a les meilleurs amis du monde (et c’est tant mieux), moi mes copines je les trouve absolument merveilleuses. Depuis le passage à Montreuil d’une de mes copines, tout le monde ne tarit pas d’éloges. Et c’est vrai, mes copines sont singulières, inventives, créatrices de leur propre vie, libres autant que faire se peut, sachant inventer un vocabulaire, des codes de conduite qui leur sont propres ; ouvertes aux autres, dotées d’une générosité, d’un sens de l’écoute et du partage réellement exceptionnels. Beaucoup ont eu des vies très cabossées qui ont forgé des sensibilités que la moindre indélicatesse peut égratigner ou faire rugir. Elles ne portent aucun jugement, ne balisent d’aucune morale les chemins qui détournent de normes sociales ou comportementales asservissantes. Elles puisent dans l’écoute, dans le rire en partage, dans l’introspection sans « moi je » « moi j’ai », la force d’avancer.

 

Tout le monde s’accorde à me dire que mes amies sont vraiment formidables. J’aime qu’elles se croisent, qu’elles se rencontrent, qu’elles partagent et se nourrissent de leurs expériences respectives.

 

pomme-verreuse.jpgTandis que mes amoureux, eh bien c’est tout le contraire. Tout le monde me dit : « mais où es-tu encore allé le chercher celui-là ? », et « il est comme ci et il est comme ça et bla bla bla il n’est pas (assez) bien pour toi et bla bla bli et quitte-le et ne le laisse pas patati. Et il est petit. Et il n’a pas de personnalité. Et il est falot. Et il est idiot. Et il boit trop et il n’est pas sympa et il est égoïste.». Et moi ça m’énerve beaucoup. Parce que c’est vrai que mes amoureux récents ont été rongés par tout plein de vers. Ils ont l’air parfois de pommes pourries. Mais il y a des morceaux qui sont restés sains, tout dedans, à l’intérieur, là où on ne voit pas. Et on peut quand même en faire une bonne compote ou une bonne tarte. Et ça fait moins mal aux dents que les pommes neuves ou les traitreuses pommes des contes de fées.

 

C’est vrai aussi qu’ils sont fragiles, et peu résistants aux ratatinades de la vie et davantage intéressés par le partage de leurs propres douleurs que par l’intérêt de celles d’autrui.

 

PommePourrie jpeg h170 jpeg 280Mais moi, je ne couche pas avec mes copines. Et je ne partage pas avec elles la même tendresse. Il est vrai aussi que je ne pourrais vivre sans mes copines, tandis que je peux me passer de mes vieilles pommes pourries. Elles réapparaissent néanmoins de temps en temps sur l’étagère de ma cuisine, comme des vieux fruits qui ne veulent pas se faire oublier. Je les aime comme on peut aimer cette légère odeur de décomposition qu’il y a parfois dans les celliers, des odeurs de terre et de moisissure, des senteurs qui évoquent la putréfaction mais aussi le changement, la transformation en autre chose.

 

Quant à mes copains AINS, ils sont également formidables, et j’ai la même relation mais exclusivement avec mes copains pédés, dont je trouve aussi souvent la sensibilité et  une approche du monde semblables à celles de mes copines, mais avec peut être une petite pointe d’agressivité en plus. Mes copains hétéros sont très chouettes aussi, mais il y a davantage de brouillage ou de discordance parfois, plus de virilité, plus de rivalité, enfin je ne sais quoi mais un petit quelque chose d’un peu moins généreux, d’un peu moins tourné vers les autres.

 

Ne croyez pas que j’essaie ici de faire une tentative de classification ou de catégorisation. Il s’agit juste du constat résultant de l’observation de celles et ceux qui partagent ma vie et que j'aime.

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Alors oui. Je devrais peut-être creuser un peu mon cerveau ou l'intérieur d'une pomme verreuse. Et tenter de comprendre pourquoi mes copines m’acceptent (à peu près moins mes pommes pleines de trous) comme je suis, avec mes impatiences de goulue, mes débordements d’amour, ma grosse voix  et mes excès d’excentricité et de Ricard, et pourquoi mes pommes pleines de trous me trouent le cœur ; et pourquoi je ne sais pas trouver des pommes de qualité, au goût authentique, qui ont poussé sans aucun pesticide, avec beaucoup d’amour et dans le respect des choses bien faites. Peut-être parce que je n’ai aucun talent pour le jardinage et les fruitiers, que je n’ai pas la patience de laisser faire la nature, de laisser pousser les fruits à leur rythme ; peut-être parce que, trop paresseuse, je ne suis bonne qu’à me pencher pour ramasser ce qui a chu de l’arbre.

 

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Je ne sais pas trop ce que je vais faire de toutes les vieilles pommes que j’ai récoltées récemment. Elles m’ont laissé un drôle de goût dans la bouche. Je n’ai plus toutes mes dents et j’ai du mal à mâcher autre chose, du dur et du solide. Et je me dis que ça ne va pas s’arranger avec l’âge.

 

41797_238919220947_7895251_n.jpgSi je choisissais mes amoureux comme je choisis mes copines-pommes de qualité, la vie serait sans doute d’un merveilleux rouge Boskoop, aussi acidulée qu’une granny-smith, plus ensoleillée qu’une jaune Golden, aussi authentique qu’une Canada, aussi délicieusement parfaite et équilibrée qu’une Reinette.

 

Mais si je n’y arrive pas, c’est sans doute que je suis la reine des pommes !

 

 

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Sur ce, je vous laisse avec ça. C'est trognon tout plein :

 

 

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M
<br /> Le problème c'est que les amoureux , contrairement aux copines , on les choisit pas ....<br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> les coups de foudre amicaux, ça n'existe pas ????<br /> <br /> <br /> <br />
K
<br /> difficile de répondre, encore une fois<br /> il me semble que :<br /> - tes pommes sont peut-être pourries, mais à la base, tu ne les choisis pas en tant que pommes pourries, du moins pour tes deux dernières, les autres, je ne peux en parler<br /> la dernière "il est vieux mais il est pô vieux, nan, même qu'il est jeune de partout, et toc !" j'en déduis pour celui-là que la pomme pourrie jouait à la pomme quasi saine, et toi, l'as-tu<br /> cueillie parce-qu'elle était encore saine,ou déjà avec l'odeur du presque pourri qui promet un autre état, et patati et patata (moi aussi je peux) ; donc pas vraiment pomme pourrie<br /> pareil pour son précédent, mais sur d'autres critères, on ne va pas refaire son portrait, non, tout le monde sait comment il est ; donc ..............<br /> côté copines now : est-ce vraiment, malgré toutes les qualités que tu as énoncées, est-ce vraiment le fait d'une bonne copine que de dénigrer la pomme qui te fait tant de bien ? (ce n'est pas la<br /> première fois que je me pose la question, j'ai eu d'autres occasions de le faire déjà)<br /> en ce qui concerne les amis homo, là, tout à fait d'accord : de vraies filles, mais en pire, pour les pointes acérées ! mais bon tellement de bons côtés, aussi, très bons côtés, j'en passe et des<br /> meilleurs<br /> donc : à question "con et pas si con" (c'est à peu près ce que tu en dis) ben question ou remarque à la con, désolée, mais bon, en fait question ou remarque à la con, mais pas si con finalement,<br /> non ?<br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> Elles ne dénigrent pas. Je pense qu'elles ne veulent pas que je sois malade après avoir mangé une pomme pourrie, tout simplement. Les histoires qui font et finissent mal de toute façon sont<br /> toutes comme des pommes pourries... Je ne sais si mes pommes, je les choisis en croyant qu'elles sont saines, ou si je les mange malgré le pourrissement, pour éviter qu'on ne les jette....<br /> ZATIZEUQUESTION !<br /> <br /> <br /> <br />