J+223 : MONTRER L’OBSCUR OBJET DE SON DESIR, EST-CE TYPIQUEMENT MASCULIN ?
Je pensais à un truc hier après avoir illustré le début de mon billet avec une photographie tirée des « Dieux du stade », ce désormais célèbre calendrier des rugbymen dénudés. Une de ces petites différences qui séparent certains hommes de certaines femmes. Je ne parle pas bien sûr des trucs anatomiques qu’on a en plus ou en moins, choses qui pendouillent, nichons ou rouge à lèvres qui nous placent immédiatement et visuellement dans un genre ou l’autre et nous permettent en général de faire le tri et de savoir sur qui on va sauter en priorité. Je veux parler des calendriers ou des pages déchirées de certains magazines apposées dans les vestiaires des agents de la RATP par exemple, ou dans les cabines des camions des routiers.
Certains aiment montrer et vivre avec la représentation de l’objet de leurs désirs. Et le plus souvent, enfin à ce qu’il me semble, ce sont les hommes, plus que les femmes, qui en ressentent le besoin. Quand a commencé cette histoire de « Dieux du stade », il y a eu comme une épidémie de calendriers qui s'est répandue chez tous mes copains pédés. C’est dans les toilettes d’un copain que j’ai découvert la nudité esthétisée de ces sportifs. Moi, je m’intéressais au rugby depuis longtemps. Parce que j’aime ce sport et la puissance qu’il dégage. Et que le père de mon fils est gallois, et que là-bas, c’est le sport national. Sans doute aussi parce que j’ai un petit côté Coco Chanel qui, à ce qu’il paraît, adorait regarder courir tous ces beaux gars à l'occasion du tournoi des 5 Nations, sur le poste de télé qu’elle faisait mettre exprès dans la suite qu’elle occupait au Ritz pour suivre chaque année ce rendez-vous sportif.
Mais je me demande quelle est la proportion d’hommes et de femmes qui ont acheté « Les dieux du stade »... Je n’en ai jamais vu chez aucune de mes copines. Un fait rigolo à propos de ce calendrier, c’est que le copain qui l’a acheté pour la première fois, et chez qui je l'ai vu, n’était pas du tout sportif. Il se fichait comme de l’an 40 du rugby et ne comprenait absolument rien à ses règles les plus élémentaires. Eh bien grâce à ce calendrier, il a fini par s’intéresser à ce sport et à suivre avec assiduité les matches du tournoi. Comme quoi...
Chez une de mes copines, il y a une affiche de Denzel Washington. Mais pas tout nu. Il représente davantage un idéal qu’un phantasme.
En revanche, c’est quand je faisais du stop et que je montais dans le camion des gentils (sauf un une fois) routiers qui acceptaient de me transporter, que j’ai découvert la page centrale de « Playboy », et ses célèbres « playmates ». J’ai en tête aussi ces posters de playmates des années 1950, dont la plus célèbre, Marylin, a fait phantasmer des générations d’hommes. Tiens, je vais vous montrer à quoi ressemblait la playmate du mois de l’année de ma naissance. Elle n’est pas mal du tout :
La seule photo que j’aie jamais affiché publiquement, dans mon bureau, il y a de cela quelques années, c’était celle de Cantona. Là encore, il ne s’agissait que d’un idéal. Un idéal de virilité, de force, un fort en gueule, un génie du ballon certes mais avec quelque chose en plus qui me parlait à moi.
Et vous ? Vivez-vous entouré(e) des représentations de l’objet de vos désirs ?
Moi, je n’ai aucune photo d’homme nu chez moi ou dans mon portefeuille. Le désir et la libido masculins ont-ils besoin de ce petit quelque chose en plus pour se mettre en marche ? Et la représentation de l'obscur objet de nos désirs est-elle typiquement masculine? Seule une étude bien sérieuse pourrait nous le dire. Et je n’ai pas le temps de chercher. Alors plutôt que supposer des conneries, je vous laisse vous interroger et chercher tout seuls.
Sur ce, je vous quitte sur ça. Je l'adore moi, Eddy :