J+327 : TOUT EST DANS LA TETE
Je me donne toutes les chances de ne rencontrer personne puisque je ne sors quasiment plus de chez moi depuis Noël, hormis pour faire les courses, aller au travail ou déjeuner avec mon fils. Le supermarché n’est pas pour moi un bon terrain de rencontres : je hais faire les courses. J’expédie cette corvée d’un pas de grenadier allant en campagne, je fais ma razzia sur les légumes, je peste en attendant dans la mauvaise file, celle où la caissière débute et ne maîtrise pas encore toutes les finesses de sa caisse ; où la vieille dame qui a oublié de peser ses 2 pommes doit retourner dans le rayon fruits et légumes qui se trouve à l’autre bout du magasin d’une allure d’escargote bourrée de rhumatismes et où le SDF paie ses deux cannettes de bière 8.6° en pièces de 2 et 1 centimes que la caissière qui débute recompte avec l’application d’une écolière de 5 ans. Ce n’est pas dans cette ambiance électrique, où le plus inconscient resquilleur risque de mourir sous les morsures de 20 clients que 15 longues minutes d’attente ont rendus particulièrement chatouilleux sur le chapitre de la priorité que l’on pense à la gaudriole et encore moins à la séduction. Dans ces circonstances, même si l’homme de vos rêves se trouvait juste devant vous, il suffirait qu’il ait un caddie chargé à bloc pour que vous ayiez envie incontinent de lui arracher les cheveux.
A propos de cheveux, je me suis donné d’autant moins de chances que ma nouvelle coupe est un ratage total. Ma tête est entre ça :
ça :
et çà :
Quant à compter sur le hasard extraordinaire qui me fera remarquer par un inconditionnel des têtes de vieilles sorcières ou un fétichiste des balais O’cédar, je ne m’y risquerais pas.
Emu par ma désolation capillaire, mon fils m’a donné l’adresse d’un coiffeur très in et très couru que je vais essayer d’émouvoir à son tour afin qu’il taille un peu de modernité dans ma crinière qui illustrerait parfaitement le cours de coiffure : « comment transformer une femme au look de vieille rockeuse en une ménagère de plus de 50 ans ».
Même si j’ai déclaré ici publiquement m’être résignée à ne plus chercher d’amoureux, on a quand même sa dignité !
Ma longue crinière faisait l’admiration de mes amoureux. Cette crétine de coiffeuse a coupé à la hache et je me retrouve telle Samson dépourvue d’un des derniers atouts de ma séduction.
Heureusement que je n’ai pas songé à me refaire les nichons ! Avec le bol que j’ai et mes moyens qui ne me permettent pas de me payer de bons professionnels, à l’heure qu’il est, j’aurais certainement perdu un de mes mamelons sur le tapis roulant de chez Franprix !
Allez. Il est temps d’aller finir de ranger mes placards. Sur ce, je vous laisse avec ça :
Et avec cette croquignolette citation du jour qui tombe on ne peut mieux : « A un moment, je me suis sentie déprimée, j’avais les cheveux bouclés et je souhaitais qu’ils soient lisses ». Jennifer Aniston. Actrice américaine.
O combien je comprends désormais la profondeur philosophique de cette réflexion !