J+238 : LA CHIMIE DE LA VOIX
Il me faudrait interroger les sciences : biologie, neurophysiologie, psycho-physiologie et toutes les sciences en GIE - dont peut-être aussi la gynécologie - pour expliquer ici avec la plus grande précision l’effet qu’a opéré sur moi l’écoute de la voix de mon ex prince tout-pourri sur mon répondeur (cf. mon billet J+237 : HYPOTHETIQUES HYPOTHESES ET REBONDISSANTS REBONDISSEMENTS ). Pas le temps de me perdre en investigations dont l’exploration de la mécanique et son résultat, c’est-à-dire la cause, importe moins que la conséquence : ni les vibrations de cette voix, qui n’a rien d’exceptionnel - elle n’a pas les sensualités de Barry White - ni les mots qu’elle transportait - du rebattu empâté par l’alcool sans aucun fond un tant soit peu pensé - n’expliquent comment je me suis soudain sentie à ce point broyée, triste et dans un manque de lui que son silence avait endormi.
Seul(e)s les addicts pourront saisir toute la force du doigt posé sur la plaie, de la tentation qui capte les moindres signaux propres à nourrir leur addiction.
Guérie de lui, oui je le suis en partie : je n’ai plus ce réflexe de chien de Pavlov qui consistait à sauter sur mon téléphone pour répondre, renouer, chercher à aller au contact charnel au moindre os qu’il me donnait à ronger, quel qu’ait été l’état d’ébriété dans lequel il se trouvait. Mais je demeure stupéfaite par le pouvoir que conserve cette voix de remuer mon coeur et mon cerveau et d’emballer à ce point mon oscillomètre amoureux.
Je sais bien qu’il n’y a rien d’irrationnel là-dedans : la science explique beaucoup de choses. Je suis simplement ébahie par ce prodige.
Le fait que je ne l’aie pas appelé indique qu’une autre mécanique, activée par la volonté, située dans un autre géographie cervicale, plus puissante, a agi. Mais la voix a réveillé bien des sentiments, des sensations qui, je le constate, ne sont pas morts mais en état de léthargie.
La mémoire du bonheur extrême de la passion amoureuse est têtue, quelque fragile ou éphémère qu’il ait été. Quelque en ait été la nature : simplement charnelle ou plus profonde.
Cette voix me fait penser aux chocs des ondes abyssales, qui provoquent les séismes marins des profondeurs.
Le SMS que je lui ai envoyé en réponse disait tout cela, en moins de mots compliqués. Il disait la souffrance, il disait le manque, il disait la déception, mais il disait surtout : « ne m’appelle plus, cela me fait mal ».
Sans ma voix qui les portent, je ne sais si mes mots auront une semblable résonnance dans ce coeur fatigué et ce cerveau embrumé mais peut-être pas complètement hors de contrôle puisque le JE T’AIME qui ponctuait son premier message était prononcé : «J’T’AIME », le JE dévoré semblant alléger quelque peu cette déclaration et lui donner moins de force.
Sur ce, je vous laisse avec ça. C'est on ne peut mieux choisi :