J+329 : DESCENDRE LES PENTES ESCARPEES DES CALANQUES EN HAUTS-TALONS EST-CE DE LA CRETINERIE PURE OU DE L’HYPER FEMINITE ?
Puisque je suis moche du haut, et en attendant le rectificatif capillaire qui, s’il ne me rend pas complètement chauve, me redonnera un peu de sex-appeal dans le poil, j’ai décidé de tout miser sur le bas. Comme je suis (r)entrée il y a quelques mois dans ma période haut-talons, je me suis achetée ça :
Focaliser les regards sur mon 40 léopard pour détourner l’attention de mon hirsutisme, telle est la subtile manœuvre à laquelle j’ai décidé de recourir pour capturer encore quelques regards masculins.
Force est de constater, même si parfois je semble en douter (cf.J+312 : SUIS-JE VRAIMENT UNE FILLE ? ), que si l’on doit mesurer la féminité au nombre de paires de chaussures et de sacs qu’on a, mon placard est ultra féminin ! Mais malgré ce vaste choix, je suis quelqu’un qui ne sait absolument pas adapter sa tenue aux circonstances et aux paysages.
Je me suis retrouvée un jour à descendre le roc sec et dur des Calanques avec une paire d’escarpins noirs dotée de talons de 5 cm : la discipline devrait être intégrée aux Jeux Olympiques. Je défie qui que ce soit - hormis Jésus-Christ - de passer l’épreuve avec succès (encore que j’aie du mal à imaginer Jésus en hauts talons, quand bien même il porte une robe).
Au retour, je n’avais plus de talons. J’ai jeté mes escarpins dans une poubelle et je suis rentrée nus pieds, comme une gitane.
Il y a, dans cette incapacité à assortir mes tenues, deux raisons : (i) je suis une urbaine, une pure citadine rompue à l’asphalte, au macadam, et aux trottoirs géométriquement nets qui a du mal à se mouvoir dans un univers composé d’herbe qui mouille, de brindilles qui filent les collants, de buissons d’épineux qui font des trous aux robes de laine, de sentiers bourbeux dans lesquels s’enfoncent les talons. Où que je sois, je suis toujours une urbaine. Même à la plage, plaisir que je ne goûte pas d’ailleurs car je déteste le sable qui gratte la raie des fesses, je fais parisienne. (ii) Si j’abandonnais mon look de vieille rockeuse pour un ample chandail et de grosses bottes vertes, j’aurais l’impression d’être déguisée. Le plus important pour moi est de me sentir bien dans la tenue du jour que j’ai choisie : peu importe la météo où la nature dans laquelle je me trouve. C’est ainsi que je me suis déjà retrouvée en robe fendue en plein hiver, ou à étouffer en plein été dans une tenue parfaitement hivernale, ou bien encore en tongues sous la pluie. Je m’habille comme je veux et tant pis pour la météo !
Je ne sors jamais sans avoir mis mon rouge à lèvres pétant, et même si j’allais au Pôle Nord (un des endroits que j’aimerais visiter avant de mourir ou avant qu’il ne meurt), je mettrais du rouge à lèvres. Non point dans l’optique de séduire un ours polaire ou un inuit, s’il s’en trouve encore, mais parce que ça fait partie de ma personnalité. De mon identité. Au Pôle Nord évidemment, j’éviterai les escarpins léopard à hauts-talons, sauf bien sûr s’il faut creuser des trous dans la glace pour pêcher des poissons.
Lorsque j’essaie d’adapter mes tenues, j’ai l’impression d’aller à un bal costumé. Comme cette famille de Parisiens que j’ai croisée un jour à l’Ile-de-Batz par un beau jour d’été, le père, la mère et les deux enfants, qui s’étaient achetés des combinaisons de pêcheur en toile cirée avec chapeau assorti à la Coopérative de Roscoff, dont on pouvait remarquer les plis, qui avaient la démarche roide de pingouins et donnaient l’impression d’avoir fait pipi dans leur culotte. Ils avaient l’air parfaitement ridicules et tout le monde s’est exclamé en les voyant : tiens, regarde-moi ça ! Les Parisiens débarquent !
On se moque de moi aussi soit ! mais j’m’en fiche. Au moins je n’essaie pas de passer pour la bretonne que je ne suis pas, l’escaladeuse que je ne suis pas, la paysanne que je ne suis pas. Si un jour en plein hiver, à la montagne, vous croisez à la superette du coin une femme en collants résille noirs et en doc Martens vernis avec un rouge à lèvres flamboyant, eh bien ce sera moi !
Sur ce, je vous quitte avec la citation du jour : « Cette question est embarrassante, j’ai joué au Japon une fois, est-ce que ça compte ? ». Fred Couples. Golfeur américain, répondant à la question « Etes-vous déjà allé en Asie ? ».
Et avec ça :